FT 092 - Les logiciels libres

 

 

 

 

 

 

Des logiciels libres au service des associations

 

On connaît peu les logiciels libres ; on les confond souvent avec des outils gratuits ; rares sont les associations qui en ont vu fonctionner et qui connaissent les conditions juridiques de leur utilisation.

 

Cependant, bien qu'il ne soient pas LA solution unique aux attentes logicielles des associations, les logiciels libres constituent la nouvelle génération d'outils dédiés aux usages du secteur associatif : peu onéreux, adaptables et coopératifs.

 

NB : nous parlons ici des logiciels libres dans le champ Internet-communication et pas tellement dans le champ bureautique.

 

 

 

1. Démonstration

 

Cf logiciel de formation à distance Ganesha (voir à www.anemalab.org).

 

2. Définitions

 

Prenons un exemple littéraire : A la recherche du temps perdu

 

? version propriétaire : Gallimard à 20 EUR

 

? version shareware : Gallimard gratuit pendant 30 jours

 

? version freeware : librio à 2 EUR (au coût de revient)

 

? version libre pure et dure (licence GPL) : livré pour 0 ou 2 EUR avec les recettes de fabrication de Proust, à

 

la condition d'accepter la diffusion libre et gratuite de votre nouvelle version (mais vous pouvez aussi, si vous trouvez un client neuneu, la lui vendre à 100 EUR)

 

? version libre "limitée" ou "ouverte" (ex : licence BSD) : livré pour 0 ou 2 EUR avec les recettes de fabrication de Proust, libre à vous de faire ce que vous voulez de votre nouvelle version (vous pouvez la vendre sans divulguer vos recettes de fabrication).

 

Nous retiendrons 2 grandes caractéristiques des logiciels libres :

 

? ils sont librement téléchargeables sur Internet avec leurs codes-sources ;

 

? en principe, ils sont en amélioration constante grâce aux contributions de développeurs divers et variés.

 

3. Qui conçoit les logiciels libres ?

 

Quels sont les intérêts ou les motivations des auteurs de produits libres et open-source, puisqu'ils ne

 

touchent pas de rémunération directe de leur travail de création, qui vaut parfois des dizaines de milliers

 

d'euros ?

 

On explique souvent que leur motivation principale est de se considérer en tant qu'utilisateur recherchant

 

des outils fiables, bon marché et compatibles et non en tant qu'auteur désirant protéger sa création et en être

 

rémunéré.

 

On rappelle à l'occasion qu'Internet a pu naître et se développer à partir d'outils libres, en particulier le

 

protocole TCP/IP, et ne pourra survivre que si des outils libres continuent de se développer à côté d'outils

 

propriétaires et payants, et c'est vrai.

 

Mais on trouve aussi des sociétés qui éditent du libre et parviennent à financer des équipes de dizaines ou centaines de développeurs : comment font-elles ?

 

? Des outils libres sont créés sur des fonds publics, directement (universités, centres de recherche) ou indirectement (fondations, associations) ;

 

? Des développeurs libres privés y gagnent une renommée et une reconnaissance de leurs compétences ;

 

? Lorsque l'on crée un logiciel à partir d'un logiciel sous licence GPL à l'origine, on est obligé de faire du nouveau un logiciel libre (on va le voir).

 

 

 

Modèles économiques du logiciel libre :

 

Des entreprises, si elles ne tirent pas de bénéfices directs de la vente de logiciels libres, en conçoivent pour

 

? partager les coûts et les risques de développement,

 

? gagner des parts de marché,

 

? vendre autour du conseil, de la formation, de l'aide à l'installation, de la maintenance et des produits dérivés (par ex. des CD-Rom contenant le logiciel).

 

? D'autres modèles : le cas d'une société qui conçoit un logiciel libre côté client pour vendre un logiciel propriétaire et payant côté serveur ; d'une autre qui vend des espaces publicitaires sur un site portail présentant ses logiciels libres

 

4. Est-ce simple et fiable d'utiliser de tels produits ?

 

(ou "évitons deux confusions")

 

 

 

Est-ce fiable ?

 

? La confusion courante entre "libre" et "gratuit" donne une image négative des produits libres : mauvais, vérolés, pleins de pub.

 

? Or une des caractéristiques des " bons " logiciels libres est qu'ils sont " vivants " (on s'en aperçoit s'ils ont des versions successives, s'il existe un forum d'utilisateurs, une faq et un manuel en ligne, etc.), il y a de fortes chances pour que l'outil soit fiable, sinon très fiable au niveau sécurité et performances ; s'il est mauvais, vérolé ou plein de pubs, d'abord ça se voit, ensuite ça se sait (par ex. par le forum des utilisateurs).

 

? Le serveur libre Apache est en 2002 le premier serveur utilisé au monde (66% des serveurs), le serveur

 

Microsoft IIS étant deuxième avec 25,30%.

 

Les systèmes libres Unix ou similaires représentaient début 2001 45% des systèmes installés, contre

 

49% pour Windows.

 

Cette réussite des serveurs et systèmes libres (sans grands moyens publicitaires) prouve qu'un développement ouvert des outils produits des outils de qualité, et on peut s'attendre à ce que les logiciels libres rencontrent le même succès.

 

? La confusion entre logiciels libres et systèmes libres (Linux et dérivés) peut donner une image de compliqué aux logiciels libres. On peut installer Ganesha et d'autres sur Windows et, en général

 

MacOS sans avoir à installer Linux. Pour installer Ganesha ou Spip, environ 8 clics suffisent. Le tout est de savoir créer une base de données en MySQL, et un hébergeur comme Ouvaton le fait pour vous en 1 heure et pour 12 EUR par an. (Une remarque en passant : si les associations font ces confusions, c'est que l'expansion des logiciels libres de gestion ne date que de 2001, c'est-à-dire bien après les systèmes libres et les freewares/sharewares, et que les logiciels libres ne se font pas de publicité comme Microsoft).

 

5. Dans quelles conditions juridiques peut-on utiliser un logiciel libre ?

 

 

 

Faire attention à la licence du logiciel :

 

La licence GPL, qui est la licence libre la plus utilisée, permet d'utiliser le logiciel, de le modifier et de le commercialiser ou de commercialiser sa nouvelle version, mais sans en faire un logiciel propriétaire ; elle doit :

 

? le ou la vendre sous la même licence libre GPL,

 

? transmettre en même temps un exemplaire de la GPL,

 

? être prête à divulguer ses codes-sources,

 

? on ne peut empêcher qu'un autre ne diffuse gratuitement le logiciel ou sa nouvelle version, d'autres licences libres permettent de commercialiser une nouvelle version d'un logiciel libre en faisant un logiciel propriétaire, c'est-à-dire sans révéler les codes-source.

 

 

 

6. quels intérêts représentent les logiciels libres pour une association ?

 

Ce qu'un logiciel libre permet :

 

? se libérer du carcan technique : on peut consacrer plus de temps et d'argent à son cahier des charges et à la formation qu'à la construction de l'outil,

 

? enrichir ses cyber-pratiques : on peut réfléchir ses usages à partir des fonctionnalités de l'outil (même si la doctrine prône le contraire !). Par exemple, un logiciel comme SPIP a été conçu par une communauté d'utilisateurs pour permettre plus d'échanges et de participation dans la construction de contenus et de projets.

 

? suivre sans coûts prohibitifs l'évolution des techniques et des usages : un logiciel libre évolue dans le temps, des nouvelles versions voient le jour, que l'association peut adopter gratuitement au fur et à mesure. Et chaque installation sur un nouveau poste ne coûte pas une nouvelle licence.

 

? avoir d'emblée un produit à sa taille et à ses couleurs. Un travail de peinture (mise en page/graphisme) et de retaille (développement) est nécessaire.

 

? résoudre les problèmes de communication, de collaboration, etc. dans une association.

 

 

 

7. Quelques exemples

 

Construction de sites collaboratifs : SPIP <www.uzine.net/spip>, Xoops <www.frxoops.org/>, Phpnuke

 

<www.phpnuke.org/>, Glasnost <glasnost.entrouvert.org/>, Dacode <www.dacode.org/>, AttilaPhp

 

<www.attila-php.net/>, Zope <www.zope.org/>, ActionApps <www.apc.org/actionapps>...

 

Formation à distance : Ganesha <www.anemalab.org>, dont la version 1.3 est sortie le 3/10/02,

 

Cartographie : localis <www.localis.org> - version 0.4 sortie en octobre 2002,

 

Commerce en ligne : <www.oscommerce.com>,

 

Outil de forum : <www.phorum.org>