FT 051 - Comment réagir en cas d'agression sexuelle déclarée

Bien que les jeux de rôles grandeur nature soient une activité ludique que nous pratiquons dans un esprit de fair play et de bonne ambiance, notre activité n'est pas isolée du reste de la société. Des délits peuvent y être commis, ainsi que des agressions à caractère sexuel.

Cette fiche a pour objectif de donner aux organisateurs qui seraient amenés à être confrontés à ce genre de situation quelques conseils et pistes afin qu'ils puissent réagir au mieux, dans l'intérêt de la victime.

Si une personne présente sur le jeu se présente à vous et dénonce un comportement relevant de poursuites pénales, il est important de garder la tête froide, dans un premier temps d'écarter la victime, de respecter ses choix et de rester discret.

 

1. Écarter la victime et recevez son témoignage

Si possible, recevez la victime dans une zone hors-jeu, à proximité du PC orga. Ne la laissez pas seule. Une victime féminine préférera certainement s’adresser à une femme. Même s’il est préférable de limiter les interlocuteurs.trices au minimum la personne à l’écoute doit pouvoir se sentir capable et dans un état d'esprit adapté à l’écoute et au soutien de la victime. Ne mettez pas en doute la parole de la victime, ne minimisez pas ses propos et surtout n’insinuez pas qu'elle puisse avoir une quelconque responsabilité dans ce qui lui est arrivé.

  • Commencez par dire qui vous êtes, et que vous êtes là pour l’aider en toute confidentialité. Cela permet de fixer le cadre de votre intervention et de rassurer la victime (ex : « je m’appelle Romane, je vais t’écouter, t’as tout le temps dont tu as besoin, rien ne nous presse. Je ne suis pas une professionnelle, mais je vais faire ce que je peux pour t’aider au mieux et je ne répéterai pas ce que tu me diras sans ton accord, okay ?») 

 

  • Ecoutez et admettez sans condition tout ce qu’elle vous dit sans chercher à le discuter. Exprimez votre intérêt et le maintien de votre écoute de la façon qui vous semble la plus adaptée (hochement de tête, « okay », …). Ne remettez jamais sa parole en cause (sauf si elle pense être la cause de son agression).

 

  • Laissez la victime s’exprimer, ne lui posez pas de question sur les événements. Votre but est d’écouter ce qu’elle a à dire, pas de rassembler un témoignage juridique. Si elle ne veut pas parler, ce n’est pas grave, laissez-là se calmer à son rythme, puis donnez-lui de l’information (cf. point 3).

 

  • Évitez les conseils directs, même bien intentionnés, ils peuvent être maladroits (ex : sois forte, n’y pense plus, courage …). Si la victime vous demande quoi faire orientez-là vers les points 3 et 4)

 

  • Aidez-la à identifier ce qui lui est accessible et qui peut l’aider à se sentir mieux dans l’immédiat : appeler un.e proche, rester avec ses amis.es, être entourée, qu’on la laisse respirer, boire quelque chose, …

 

  • Après votre échange, restez à proximité de la victime et disponible si elle souhaite parler davantage

 

2. Restez dans la mesure et la discrétion

La victime n’a certainement pas envie que son drame personnel soit étalé en place publique. Et vous n'avez aucun intérêt à ce que votre GN se transforme en joute verbale, voire pire, entre les défenseurs de la victime et les amis de l'auteur qui penseront qu'un tel acte est impossible de sa part.

Dans un premier temps, n'interrompez pas le jeu, vous avez une victime à accueillir, vous ne pourrez pas gérer les questions de plusieurs dizaines de joueurs

Il est ainsi important d’agir de façon discrète afin d'éviter les risques juridiques, d’atteintes physique, les impacts psycho-sociaux (calomnies, suicide, chasse à l’homme, etc…), pour la victime, l’agresseur présumé ainsi que les organisateurs. L'auteur est-il venu seul ? En groupe ? La victime est-elle également venue seule en groupe. Veut-elle que ses amis soient au courant, ou non ? 

Pensez à noter les infos qui vous sont communiquées, vous devrez vous y référer plus tard en fonction de la suite des événements.

 

3. Responsabilités et suites judiciaires

Rappel : Les orgas n’ont aucune autorité juridique, la victime n’as pas besoin d’une justice expéditive, elle a besoin d’écoute et d’une prise en charge. De même, la présomption d'innocence est un principe de loi qui ne devrait pas être bafouer sous risque de poursuite.

Recueillez son témoignage, et identifiez si possible l'auteur des faits. 

Si la victime souhaite déposer plainte, contactez les forces de l'ordre compétente, expliquez calmement les faits, votre situation géographique, et envoyez un organisateur les accueillir puis laissez-les gérer la situation en vous mettant à leur disposition. Si la victime veut se changer, tentez de l'en dissuader avant la prise en charge par les forces de l'ordre, à moins que son costume ne puisse poser des difficultés. Si elle insiste, en cas de viol notamment, ses sous-vêtements doivent être conservés dans un contenant papier (surtout pas de sac plastique). La victime ne doit pas se laver avant la prise en charge par le service médico-légal.

Si la victime ne souhaite pas déposer plainte, et même si cela peut vous sembler très frustrant, respectez son choix. Demandez-lui ce qu'elle souhaite faire. Les organisateurs doivent identifier de façon irréfutable l'auteur des faits, et le faire venir en un lieu à l'écart des autres participants et de la victime. Il est important de rester calme et d'éviter à tout prix les violences verbales ou physiques et de recueillir la version des faits. En prenant en compte la gravité des accusations portées, les circonstances et les risques concernant la sécurité des participants, de la victime et de l’agresseur présumé, les orgas devront éventuellement demander à l'auteur présumé de quitter les lieux, une fois que son identité aura été établie.

En cas d'absence de dépôts de plainte, mais de dénonciation de faits graves, ou de blessures, il faut que la victime soit transportée à l'hôpital ou elle sera prise en charge par des spécialistes. Elle ne doit pas se changer ni se doucher (si le site le permet) particulièrement si elle dénonce un viol, sachant que si elle insiste, vous n'avez aucune autorité pour la contraindre du contraire. Prévoyez un organisateur∙trice, si possible la personne l’ayant écouté, pour l'accompagner, rester sur place avec elle, et la ramener ou assurer le suivi (récupération de ses affaires en jeu, raccompagnement a l'issue etc…).

Attention en cas d'absence de dépos de plainte à ne pas vouloir vous transformer en justicier. Ça n'est pas votre rôle et vous pourriez vous retrouver mis en accusation par l'auteur des faits.

 

4. La prise en charge psychologique de la victime après le jeu :

  • En cas d'absence de dépôt de plainte, ou si vous cherchez des conseils, voici une liste de numéros de téléphones pouvant vous apporter de l'aide.
  • Violences Femmes Info, numéro d’écoute (7j/7 9h-22h du lundi au vendredi, 9h-18h weekend et jours fériés) : 3919
  • SOS Viols Femmes Informations (10h-19h du lundi au vendredi): 0 800 05 95 95
  • 08VICTIMES (7j/7 9h-21h) : 08 842 846 37
  • Croix-Rouge écoute (7j/7 10h-22h du lundi au vendredi, 12h-18h le weekend) : 0 800 858 858 
  • Les Unités Médico Judiciaires : dans les hôpitaux de grandes villes, ne sont disponible que dans le cadre de procédure judiciaire mais les services des urgences sont tout à fait compétents pour intervenir si nécessaire notamment pour les prises en charge médicales (dépistage MST, traitement, etc...)
  • Il est nécessaire de rechercher une association d’aide aux victimes. Il n'y en a pas partout mais vous pouvez en trouver si il en existe une à proximité du domicile de la victime : http://www.france-victimes.fr - http://inavem.konseil.info

 

Dernière vérification : 24/11/2017 Dernière mise à jour : 24/11/2017

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