Inclusivité et accessibilité

Lorsque nous écrivons un jeu, nous avons souvent en tête un univers, une histoire, une ambiance, parfois un site de jeu ou une occasion particulière. Nous attendons des joueurs et joueuses qu’ils et elles se saisissent de notre GN, l’animent et lui donnent vie, mais nous n’avons pas toujours le réflexe de nous demander pour qui nous sommes en train d’écrire.

Il est vrai que cette question peut paraître secondaire : s’inscrira qui voudra ! Cependant, si nous ne réfléchissons pas activement au public que nous souhaitons viser, nous risquons d’exclure sans même le réaliser des personnes qui auraient pu vouloir participer et apporter leur enthousiasme et leur énergie au GN.

Cette section est faite pour aider les orgas de GN à limiter ces « angles morts » et à permettre à un maximum de personnes de prendre part à leurs jeux.

Un document plus détaillé est disponible ici : Inclusivité et accessibilité en GN. Favoriser la diversité des participants et participantes et assurer leur bien-être dans la création de jeux de rôle grandeur nature.

 

Définitions

L’inclusivité désigne le fait, pour un événement, de laisser la place à un maximum de personnes et de groupes sociaux, notamment qui font face à des discriminations dans la vie ordinaire. Cela peut passer par la communication pré-jeu, l’écriture des personnages, le casting, les ateliers pré-jeu, etc.

L’accessibilité désigne l’ensemble des conditions matérielles d’accès au jeu. Elle comprend la forme du site de jeu, la nourriture, la durée du jeu, le nombre de participant·e·s…

 

 

Comment rendre nos GN plus inclusifs et accessibles ?

Tout d’abord, mettons-nous d’accord : un GN 100% inclusif et accessible est impossible, tout simplement parce que les besoins et envies des personnes sont trop différents pour être conciliés. Toutefois, certaines attitudes et efforts simples peuvent nous permettre de nous améliorer sur ces points.

 

1) La communication

Communiquez convenablement et vous aurez fait la moitié du travail ! Voici quelques conseils :

  • Rédigez une lettre d’intention claire, détaillée, comprenant les thèmes abordés en jeu, les informations pratiques, le style de jeu, le matériel requis…
  • Faites en sorte que l’équipe d’orga soit clairement identifiée et facilement joignable. N’hésitez pas à répéter que vous êtes disponibles pour toute question ou demande ainsi que pour réaliser des aménagements dans le mesure de vos moyens. Et soyez-le ! Cela rassurera les joueurs et joueuse potentiel·le·s et donnera aux personnes ayant des besoins spécifiques l’opportunité de vous contacter pour vous faire part des choses qui pourraient leur rendre l’accès à votre GN plus facile. Cela ne signifie pas forcément que vous pourrez répondre faborablement : faites-le cependant dans une posture d’écoute et de respect, et prêtez véritablement attention aux besoins exprimés. Souvent, de menus efforts de la part de l’organisation peuvent apporter une nette amélioration de l’expérience de jeu de certaines personnes !
  • Exprimez clairement votre position sur les discriminations, que ce soit en jeu (sont-elles possibles ? dans quel cadre ? sont-elles « négociables » par les PJ ?) ou hors jeu (ça, c’est clair : c’est niet !). Affirmer clairement et publiquement que vous ne tolérerez aucune attitude ou propos discriminants est le minimum pour assurer une atmosphère respectueuse.
  • Dotez-vous d’une charte comportementale afin d’exprimer clairement quels comportements sont souhaités ou proscrits sur vos événements, et de quelle façon vous comptez gérer les éventuels incidents. Mieux vaut être explicites dès le départ qu’avoir à gérer une situation problématique dans la panique ! Pour vous aider, vous pouvez vous appuyer sur cette fiche technique

 

2) Prendre en compte la diversité

 Cette partie-là demande davantage d’investissement : elle comprend, non plus seulement l’accueil de personnes diverses, mais la prise en compte active d’expériences de vie et de types de personnes hors normes dans la création des GN. Cela implique d’avoir une réflexion sur les dynamiques relationnelles qui existent dans notre société, sur les représentations médiatiques et fictionnelles des minorités sexuelles, ethniques, de genre, de handicap, etc. Un sujet trop complexe pour être abordé ici : cependant, voici quelques questions que vous pouvez vous poser en concevant vos jeux, pour éviter de reproduire les structures et situations excluantes les plus fréquentes. Ce sont seulement des pistes, et cette liste est loin d’être exhaustive : à vous de nous en suggérer d’autres !

  • D’où parlez-vous ?

Cette question, qui peut surprendre, n’est pas des moindres : identifier votre position dans la société, les éléments qui vous définissent socialement et vous donnent accès à (ou vous privent de) certaines choses et certains imaginaires, est important. En effet, cela influence nécessairement les personnages et les situations que vous écrivez : demandez-vous aussi de qui vous parlez ! Vous apprêtez-vous à écrire des personnages concernés par le racisme alors que toute l’équipe d’orga est blanche ? C’est le moment de redoubler de sensibilité et de vous éduquer, par exemple en discutant avec des personnes concernées (si elles sont d’accord !), en lisant des témoignages ou en suivant des associations anti-racistes sur les réseaux sociaux.

  • Qui a le pouvoir ?

Reproduisez-vous des hiérarchies entre des genres, des classes sociales, des races fictives ? Vous inspirez-vous de la colonisation, de l’impérialisme, etc. ? Existe-t-il des violences proférées à l’égard de certaines personnes ou catégories de personnes ? Il n’y a pas de mauvaise réponse : seulement des choses qu’il faut expliciter, et considérer sous l’angle des rapports sociaux existants pour que tout le monde ait du jeu et passe un bon GN !

  • Pourquoi vos personnages sont-ils d’un genre plutôt qu’un autre ?

Faites attention à ne pas reproduire des clichés : si tous vos personnages féminins sont des mères, des ingénues ou des prostituées, vous n’y avez peut-être pas assez réfléchi ! De même, songez qu’il n’est pas toujours utile d’attribuer un genre aux personnages, que les relations amoureuses n’ont pas toutes à être hétérosexuelles et monogames, etc.

  • Visez-vous le « réalisme » à tout prix ?

Nous avons souvent la fausse impression, parce que l’histoire nous a été livrée principalement par des hommes (des militaires ou des religieux de surcroît), que les femmes occupaient uniquement des fonctions subalternes et que les minorités de genre n’existaient pas. Si vous souhaitez à tout prix conserver ces visions-là au nom du réalisme historique, cela se fera sans doute au détriment du plaisir ou de la participation d’une part importante des joueurs et joueuses.

Le guide « Histo mais pas sexiste » d’Anne et Nadia, illustré par Saki Jones, pourra vous aider à gagner en diversité sans perdre votre objectif d’historicité.

  • Vos personnages handicapés sont-ils tous des blessés de guerre ?

Selon l’OMS, 15% de la population mondiale vivrait avec une forme de handicap, qu’il soit d’ordre physique ou mental, visible ou invisible, chronique ou temporaire, etc. Pourtant, bien peu de personnages de GN ont un handicap, et lorsque c’est le cas, il s’agit souvent des suites d’un accident. Inclure plus de personnages en situation de handicap, et avec des handicaps divers, peut favoriser l’identification des joueurs et joueuses et apporter une certaine profondeur et une diversité à votre GN, à condition que cela soit fait avec sensibilité et en évitant les clichés.