FT 074 - Trésorerie : Anticiper pour mieux gérer

Toute association qui enregistre des recettes et engage des dépenses se trouve confrontée à des fluctuations de trésorerie. Excédentaire ou déficitaire, de manière chronique ou occasionnelle, mieux vaut y voir un peu plus loin que le bout de son nez pour assurer une gestion saine et prudente de la trésorerie. Un seul mot d'ordre : prévoir et anticiper.

Gérer les flux incertains des recettes (cotisations, dons, subventions...) et les échéances impératives des dettes fournisseurs (factures et charges diverses, dont salaires et loyers, le cas échéant... ) n'est pas toujours une mince affaire. Et, dans ce domaine, les trésoriers les plus aguerris en matière de gestion financière et comptable connaissent bien les formidables vertus de la prévision. Véritable pierre angulaire de la gestion saine et prudente d'une association, le budget prévisionnel est un outil incontournable. Il permet d'évaluer les solutions adaptées à l'optimisation de la trésorerie pour l'année ou les années à venir. Excédentaire six mois par an ? Déficitaire en fin d'exercice ? De façon chronique entre le 15 et le 25 du mois ? Tous les cas de figure sont possibles et de nombreuses solutions sont envisageables.

 

Trésorerie positive : ne pas s'endormir sur ses louis d'or

C'est bien entendu la situation la plus confortable : la trésorerie qui ne connaît pas les fins de mois difficiles...

Une association peut parfaitement réaliser des excédents (la loi ne prohibe que le partage des bénéfices entre les membres) mais elle ne peut les accumuler que temporairement car ils sont voués à être réinvestis dans ses activités ou utilisés pour faire face à des besoins ultérieurs. La durée d'existence de ce matelas peut être variable en fonction des besoins de l'association et de son activité. L'association a un salarié? Il est utile d'avoir une réserve correspondant a plusieurs mois de salaire et à des indemnités de licenciement. L'association loue des véhicules? il est nécessaire de conserver des sommes correspondant à la caution versée lors de la location. Idem si vous louez des sites de jeu...

Des réserves, c'est bien, de l'argent placé avantageusement, c'est mieux. Tout bon gestionnaire se doit de ne pas laisser dormir l'argent disponible sur le compte bancaire de l'association. Ceci dit, tous les placements "risqués" sont à exclure : il est hors de question de jouer les golden boys avec la trésorerie de l'association... Les placements doivent êtres sûrs, immédiatement disponibles et rentables. Renseignez-vous auprès de votre banquier. Il vous indiquera les différents produits financiers répondant à ces critères. le compte sur livret reste peu rémunérateur mais permet de bien distinguer les réserves qui restent immédiatement disponibles.

Et pourquoi ne pas en faire profiter les autres ? Une association peut accorder à une autre personne des prêts à titre gratuit (sans intérêt ni commission). Elle peut aussi le faire à titre onéreux mais uniquement de manière exceptionnelle (article 10 de la loi du 24 janvier 84). Enfin, elle peut accorder, pour des motifs d'ordre social, des prêts à conditions préférentielles à certains de ses membres si cela entre dans le cadre de sa mission (loi du 15 mai 2001 sur les nouvelles régulations économiques).

 

Trésorerie négative : anticiper pour combler les "trous"

 

Retard dans le paiement d'une subvention, baisse subite du montant des cotisations, augmentation incontrôlée des achats de fournitures, paiement tardif des inscriptions à votre GN, mauvaise estimation du coût d'une activité... Une association peut, pour de multiples raisons, ne plus pouvoir faire face à ses engagements financiers à un moment donné. Là encore, la prévision et l'anticipation sont d'excellents outils de prévention des "défaillances" budgétaires. Ajoutez à cela une relation personnalisée que vous aurez pris soin d'établir avec le banquier de l'association, et vos chances de trouver une solution acceptable vont augmenter sensiblement...

 

Il peut s'agir d'une difficulté momentanée, dûe à un décalage dans le temps des encaissements et décaissements. Une situation qui ne remet pas en cause la bonne santé financière de l'association mais qui justifie pleinement la réalisation d'un plan de trésorerie. Pour prévenir ces périodes particulièrement "sensibles", il convient de relancer tous vos créanciers pour faire rentrer un maximum d'argent en caisse avant l'échéance (rappel des cotisations non payées, des donateurs, des bailleurs de fonds en retard...).

Parallèlement, il est peut-être possible de décaler la date limite de règlement d'un fournisseur ou de négocier un délai de paiement auprès d'une administration, par exemple. Tous les cas de figure doivent être étudiés et les moyens mis en œuvre au moins un à deux mois auparavant.

Si rien n'y fait, il ne faut pas attendre le dernier moment pour prévenir la banque ni, surtout, la mettre devant le fait accompli pour entamer les négociations. On vous proposera certainement une autorisation de découvert ponctuelle pour pallier cet accident de trésorerie. La banque prévenue à l'avance, il sera encore possible de négocier les frais inhérents. Mis devant le fait accompli, on vous fera payer ce dépannage au prix fort.

Il peut aussi s'agir d'une situation chronique, s'accompagnant de problèmes de trésorerie systématiques en fin de mois, par exemple. Même si les comptes ne font pas forcément apparaître de déficit sur l'exercice, la gestion de trésorerie peut s'avérer particulièrement difficile au quotidien. L'autorisation de découvert est certainement la solution la plus pratique et la plus accessible, quelle que soit la taille de l'association. C'est aussi la plus onéreuse. Entre les agios et les commissions sur le plus fort découvert, les frais bancaires peuvent grimper considérablement. Là encore, si l'opération est envisagée au préalable avec la banque, les conditions peuvent être négociées ; sinon, on ne vous fera pas de cadeau.

Il est aussi possible de demander a des membres un coup de main. Ce peut être le cas lorsque vos frais d'organisation de GN tombent alors que les inscriptions ne sont pas encore encaissées. Le trésorier doit bien assurer le suivi des sommes avancées à l'association pour qu'elles puissent être remboursées sans que l'action en puisse paraitre suspecte. Une trace écrite reste la meilleure solution.

Si le budget prévisionnel fait apparaître des problèmes de trésorerie pendant une période limitée

(trois ou six mois, par exemple), l'association peut également demander un prêt à sa banque. Facile à dire, pas toujours facile à obtenir. Surtout pour celles qui ne peuvent justifier de plusieurs années de gestion irréprochable, d'un minimum de notoriété et de garanties de financement sérieuses... En effet, les banques montrent beaucoup de réticences envers les associations. De plus, si elles acceptent d'accorder le prêt, elles exigent souvent la caution personnelle d'un dirigeant de l'association.

Attention, c'est une pratique à la fois très répandue et très dangereuse pour la personne qui se porte caution : si l'association ne réussit pas à rembourser, le dirigeant pourra être tenu de régler personnellement la dette avec ses propres deniers... Sachez qu'une collectivité publique peut se porter caution pour une association ; alors n'hésitez pas à solliciter, par exemple, votre commune, pour éviter la caution personnelle des dirigeants.

Si les problèmes de trésorerie sont dûs au retard dans le paiement d'une créance, il est possible, en vertu de la loi Dailly, d'obtenir une ligne de crédit d'un établissement bancaire. Pour les associations, ce cas se présente le plus souvent lorsqu'une subvention tarde à arriver.

Légalement, cette opération ne s'applique qu'aux créances certaines et liquides, c'est-à-dire celles dont le principe du versement et le montant sont acquis sans conteste. Dans ce cas, l'association devra remettre à sa banque le justificatif de sa créance et un bordereau de cession ou de nantissement de créances. En contrepartie, elle obtiendra soit le paiement immédiat du montant de la subvention (cession), soit un crédit garanti sur cette dernière (nantissement).

Si, au contraire, les problèmes de trésorerie rencontrés par l'association traduisent un grave déficit sur l'exercice, le trésorier doit impérativement en faire part au bureau et au conseil d'administration.

Les dirigeants sont effectivement tenus à un devoir d'information si l'association connaît de réelles difficultés financières qui risquent de mettre en péril sa survie. Inutile de se tourner vers sa banque s'il apparaît que l'association ne sera pas en mesurer de rembourser quoi que ce soit par la suite. En revanche, il ne faut pas hésiter à approcher les bailleurs de fonds publics pour solliciter ce qu'on appelle une subvention d'équilibre.

Celle-ci peut être accordée en dernier recours pour renflouer les caisses d'une association qui ne réussit pas à redresser sa situation financière.

Bien entendu, il n'y en a pas pour tout le monde. Les associations qui en bénéficient le plus facilement sont celles qui assurent une mission de service public. En règle générale, les pouvoirs publics ne viendront au secours d'une association déficitaire que s'ils estiment que la disparition de cette association serait dommageable pour la collectivité. Mais qui ne tente rien n'a rien !

 

 

 

Texte tiré du site vivasso.fr

Miren Lartigue

Mise à jour le 04/04/2018

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